Si autour de l’eau la Provence a été le théâtre de querelles qualifiées de pagnolesques pour ses tournures souvent cocasses, le village de Méounes les Montrieux est, si j’ose dire, passé entre les gouttes.

Dotée de plusieurs sources et rivières, la gestion de l’eau est culture séculaire pour cette commune située aux portes de la vallée du Gapeau.
Les canaux arrosant y sont légions. Leur présence pour certains remonte au 16è siècle. Leur construction vous l’aurez deviné faisait usage de la pierre.



Nous avons eu le privilège de restaurer un tronçon destiné à l’arrosage des prairies qui flanquent la Lône.
À l’heure discutable de la construction moderne et rapide, la pierre sèche s’avère être un excellent choix pour réhabiliter ce réseau. Outre sa solidité qui n’est plus à défendre, elle offre dans ce cas précis une continuité de capillarité qui profite aux terres voisines tout en garantissant la stabilisation des berges empêchant leur érosion.



Nous avons donné de belles proportions à cet ouvrage. D’une part pour s’adapter aux moellons de pierre utilisés. D’autre part pour résister aux contraintes constantes du courant de l’eau.
En somme, nous avons reconstruit deux murs en miroir de 65 cm de hauteur dont 15 cm en sous-œuvre.
Nous avons réalisé leur fondation avec des pierres clavées. Cela convient mieux à leur baignade permanente sur un sol fortement compressible.
Pour aller plus loin, le fond de canal aurait pu être caladé mais les sols argileux sont parmi les moins sensibles à l’érosion.

Enfants, associatifs, élus, animaux et nous les premiers attendions la remise en eau du canal avec impatience.
La culture provençale coule dans mes veines comme le souvenir de l’eau qui file dans les raies de notre potager. Anciens ou jeunes nous redevenons tous des minots quand il s’agit de contempler courir l’eau.

 

« Quand le Bon Dieu en vient à douter du monde, il se rappelle qu’il a créé la Provence »
                                                                                  Frédéric Mistral.